L'Eroica enfin !


Enfin L'Eroica ! Après un presque un an à en rêver, un printemps et un été très chargé (entraînement, préparation du voyage, montage des vélos) nous sommes finalement prêts à partir, vélos en boîtes, de Montréal pour l'Italie, direction Chianti, pour un voyage qui fut probablement le plus excitant de notre vie !
Dernier petit coup d'astiquage avant le grand départ. On veut faire bonne figure !

Mon Cambio Rino et le Concorde de Maryse enfin prêts. Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais avec mon ratio de 42/21 ouch !

Pas mal encombrant des boîtes de vélos en transport en commun.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'Eroica, on peut dire que c'est une course de vélos non-chronométrée où l'on accepte que les vélos vintage, de 1987 et moins (la moyenne des coureurs ont des vélos des années 60-70, quoique j'ai vu pas mal de vélos des années 30-40). La course se déroule en grande partie dans les "strada bianca" non-pavées du Chianti, les chemins de campagne des vignobles et des cultivateurs. Les participants ont le choix du parcours qui allait cette année de 48 à 209 km. Mon ami Christophe et moi avons fait le 209 km (pas question de faire autre chose, me répétait sans cesse Christophe) et Maryse, ma copine, a fait le 75 km.
Premier contact avec la "strada bianca" quelques jours avant la course.

GAIOLE IN CHIANTI  - LE PAYS DE L'EROICA
L'Eroica c'est aussi un événement où les habitants du charmant village de Gaiole in Chianti et des alentours sont mis a profit pour célébrer la petite reine. En arrivant à Gaiole, on constate à l'instant que le vélo est roi et maître le temps de quelques jours de festivités. L'ambiance dans le village est à son comble, comme en témoignent les nombreux commerces improvisés de réparation et location de vélos qui poussent soudainement. Des beaux vélos (Colnago, Moser, Pinarello, Legnano, Bianchi et cie) sont garés un peu partout dans les rues, pas de cadenas, pour le plus grand plaisir des yeux. Les gens défilent comme dans une parade de mode avec leurs maillots de vélo en laine vintage colorés. La  moustache extravagante est également de mise dans ce microcosme emprunté à une autre époque.
Quelle élégance ces gens habillés en tenue d'époque !
Le choix de la tenue cycliste revêt une importance particulière ici.
Ambiance festive, chacun y va de sa touche personnelle.
Devant la bottega l'Eroica.
À l'intérieur, le mythique maillot Raleigh TI ainsi qu'un Legnano, quoi de mieux ?


L'immense et impressionnante foire de pièces de vélo qui se déroule tout près du Café Eroica, le quartier général de l'événement, ne laissera aucun amateur sur sa faim, sans compter les kiosques où il est possible de déguster les nombreuses spécialités locales comme les fromages, charcuteries et la fameuse ribollita !
Des Bianchi vus à la foire de vélos. J'imagine que tout le monde ici possède un Bianchi.

Un petit bijou exposé à la foire.
Un coureur m'expliquant le fonctionnement de son dérailleur "suicide" Campagnolo à baguette.
Des vieux tas de ferraille ? Ils ont beaucoup de kilométrage mais ils seraient certainement partant pour une balade.
Même les véhicules d'antan sortent de leur tanière. Il ne manquerait que Gino Bartali pour se croire à une autre époque.

Maryse et moi dégustant une ribollita.

L'EROICA DES ENFANTS
Le samedi avant l'événement, une course toute spéciale, la Mini-Eroica, est dédiée aux enfants du coin. J'ai été personnellement très ému de voir tous ces jeunes, dont certains en assez bas âge, avec un vieux vélo pour enfant sorti du cabanon ou bien leur bécane de tous les jours, devant la ligne de départ. À voir l'excitation dans leur visage, les encouragement des parents et des proches, on comprend bien pourquoi l'Italie est une des grandes nations du cyclisme.


POUR VOS YEUX SEULEMENT
Quelques jours avant la course on assiste à un rassemblement sans précédent de vélos vintage. Comme si tous les participants se réunissaient à Gaiole pour exhiber leur vélo. Submergés par tout ce métal et ce chrome, on pourrait croire un instant que le carbone n'existe pas et ce, pour notre plus grand bonheur !
Parmi les nombreux Bianchi qu'on a vus, celui-là était le préféré de Maryse.
Tandem Rossin à vendre !!!
Doublé Pinarello
Moser côtoyant un Team Record de fabrication anglaise, parole du propriétaire.

Un bon moyen d'apporter ses bouteilles
Coup de coeur pour ce pédalier exceptionnel.
Ce Hetchins m'a tout simplement renversé. Il a l'air tout droit sorti de l'usine même si son propriétaire m'a confié qu'il y a quand même quelques petits spots de rouille. Je mets au défi les gens d'en trouver.
Le chrome, le travail du pédalier et la courbe si particulière de la fourche arrière des Hetchins m'ont totalement subjugué.
 Tellement de beaux détails partout dans les raccords et le métal qu'on pourrait le regarder sans arrêt.

LA COURSE
Passons aux choses sérieuses, la course ! Levée à 4 h du matin, départ à 5 h 20 pour une aventure qui durera somme toute plus de douze heures dans des routes cahoteuses, en partie sous la pluie, où les montées n'ont d'égal que les descentes.
Derniers préparatifs la veille.
Le départ au petit matin.
Sur la ligne de départ. Christophe heureux comme un enfant le jour de Noël.
Les lumières magiques du Castello di Brolio.
Nous nous sommes préparés sérieusement tout le printemps et l'été, avons gravi la voie Camilien-Houde (pour ceux qui connaissent Montréal) maintes et maintes fois afin de s'entraîner à monter. Lorsqu'on regardait des photos des éditions passées de L'Eroica, on voyait souvent des gens marcher à côté de leur vélo, signe que le trajet devait être très, voire extrêmement pentu. Malgré cela, nous nous attendions pas à des montées si abruptes sur de si longues distances. Nous avons quand même réussi à tout gravir, sans marcher à côté de nos vélos. Pour ma part, je n'ai jamais gravi des pentes aussi raides et aussi longtemps avant cela. C'est peut-être dû à la beauté de la Toscane qui révèle toujours des paysages surprenants, la récompense pour tous ces efforts. Et comme comble du trajet, la Monte Sante Marie, en gravier avec des montées semble-t-il de 20% sur quelques kilomètres où parfois notre roue arrière patinait sous la boue laissée par la pluie du matin. De quoi s'exercer les jambons !
Maryse vers la fin de la plus difficile partie de la montée "d'Albola", que nous avons surnommée ainsi à cause du château du même nom. Une longue montée de 15 % que nous devions faire à chaque fois que nous sortions en vélo du camping où nous logions....
...et qui est devenu par la suite le terrain de jeu par excellence de Christophe !
À l'entraînement dans une montée du Piano Orlando, près du camping où nous séjournions.
Nous nous étions tellement entraînés aux montés que nous avions oublié les descentes. Nous avons eu la trouille plus d'une fois en descendant des pentes de plus de 15% en gravier et boueuses, les manettes de freins à fond à en avoir mal aux doigts et en espérant que les câbles ne lâchent pas. Par moment ça relevait plus du cyclocross que du cyclotourisme !
La fin d'une descente qui fut particulièrement difficile.
Qui dit routes cahoteuses dit crevaisons. Nous avons été très chanceux car nous n'avons pas eu une seule. Tout au long du trajet, il y avait un nombre impressionnant de coureurs sur le bord de la route en train de réparer une crevaison. Merci à Continental - et je ne fait pas de pub - Maryse et moi avions des Touring Plus 28 mm et Christophe avait des boyaux Gatorskin 22 mm. De notre côté, nous avons eu deux pépins techniques, mon jeu de pédalier qui s'est dévissé et les chaussures de Maryse qui se sont brisés après seulement 30 minutes de course. Pour ma part, j'ai dû arrêter à deux reprises pour faire revisser mon jeu de pédalier, résultat, plus d'une heure et demi de retard... Malgré tout, merci aux gens de l'escale Pieve a Salti qui ont bien pris soin de moi, sans quoi ça aurait pu être pire.
Arrêt au pit-stop, pédalier qui se dévisse.
Les vélos sont mis à rude épreuve...
... les cyclistes aussi !
Parfois, les problèmes arrivent là où on ne l'avait pas prévu. Maryse avait acheté des chaussures de vélo NOS à la foire mais après seulement 30 minute de course, la pluie et les efforts ont eu raison de ses semelles qui se sont carrément détachés, plus rien ne tenait. Après plusieurs tentatives de consolidation, elle a fini par attacher ses lacets autour de ses chaussures pour que les semelles tiennent. Il y a des moments où il faut du courage pour terminer la course.
Les fameuses chaussures après le course. Pas réutilisables mais ça fait tout de même une belle photo.
Mais l'effort qu'on met est toujours récompensé. Voir le pays de l'intérieur en empruntant les routes blanches nous offre des paysages inoubliables, des cartes postales à chaque détour. Les escales de ravitaillement arrivent à point et le petit verre de Chianti est toujours le bienvenu !
Les escales offraient vraiment de quoi se régaler.




Arrêt photo devant un paysage bucolique.









Escale à l'intérieur d'un village médiéval.
L'Eroica c'est le parfait mélange de l'esthétisme et de la beauté des paysage, du bonheur de rouler librement, mais aussi de la souffrance et de la persévérance. Plus d'une fois il nous a fallu puiser loin dans nos réserves pour monter encore plus ou pour endurer la pluie froide qui tombait par moment. C'est l'occasion de se poser un défi personnel et d'être fier de l'avoir réalisé !
Après une dure journée de labeur.
On peut dire que nous sommes maintenant des "Eroici" !
Mais attention, il n'y pas que le vélo dans la vie !

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