Il y a la vie avant... et après Marinoni

Nous étions sur la route cet été, partis de Montréal comme de vrais pèlerins, montés sur nos bécanes, pour aller chez Marinoni. La figure emblématique du vélo au Québec.

Il y avait Christophe, sur son Marinoni 1981, acheté récemment sur Kijiji. Une bonne bécane, un cadre impeccable vu son âge. Le hic était que certaines composantes d'origine avaient été remplacées par le vendeur. Souvent sur les petites annonces, on vend une bonne marque mais le gars qui le vend se garde parfois un droit de réserve. Non, ce n'est pas de la fraude, des fois les pièces d'origines ne sont plus bonnes ou tout simplement on a un autre projet en tête et on veut le financer. J'ai déjà fait ça moi aussi... Pour en revenir à son Marinoni Spécial 1981, la moitié des composantes avaient été remplacées par du Shimano plus "moderne", ce qui n'est pas un mal en soi, mais le pire était le guidon MEC noir assorti à une potence un peu étrange, très décalée, alors qu'à l'origine il devait être tout monté en Campagnolo ce vélo. Il en restait que le pédalier et les freins, la tige de selle, ainsi que les manettes qui étaient en malheureux état.

Mais Christophe, lorsqu'il a une idée dans la tête, impossible de lui enlever. Il s'est empressé de commander des pièces vintage, un guidon un 3T Grand Prix, de belles manettes NOS Modolo Sach, une superbe potence Modolo, sans oublier les pédales Campagnolo d'époque.
Des fois il faut aller les chercher loin les belles affaires ! Probablement les plus belles manettes de freins que j'ai vues de ma vie ! Modolo avait un de ces sens de l'esthétisme et de fonctionnalité.
Encore du Modolo, la beauté dans les formes, quoi dire de plus ?
Le super guidon de course 3T qui remplacera la guidon noir MEC.
Donc nous roulions sur nos bécanes, la fière allure et le vent doux d'été qui nous donnait l'impression que nous étions les rois de la route.

Mais qu'allions nous donc faire chez Marinoni ?

Montrer le petit à son créateur ?
Oui mais pas tout à fait...

Un pèlerinage ?
Oui mais pas tout à fait...

Prendre du bon temps ?
Oui mais pas tout à fait...

Acheter un vélo ?
Oui mais pas n'importe lequel !

Une fois arrivés chez Marinoni, lorsqu'on a demandé à Christophe pourquoi il voulait le 40e, il a tout simplement répondu : J'en ai déjà un que je veux rééquiper avec des composantes d'origine et un équipé avec des composantes modernes. Je ne veux pas de vélos en carbone. Ce qui n'a pas eu l'air de convaincre notre vendeur. Comme quoi, lorsqu'on achète un Marinoni, on l'achète pour la vie ! Mais bon, les affaires sont les affaires, et on s'est empressé de prendre les mesures de ce client singulier. On aurait dit qu'il était comme chez le tailleur.

Quoi dire ? Une visite chez Marinoni c'est quelque chose de particulier. Mme Simone qui connait et dirige tout, un esprit de famille, on se sent très vite accueilli, même si selon Mme Simone on a un vélo soi-disant confectionné par un fabricant d'échafaud (je parle ici de mon vélo, un Gardin).
Un sourire vaut mille mots !
Et je me rappelle soudainement une conversation que j'ai eue plus tôt avec Christophe.

- Pourquoi t'as pas déjà un Marinoni ? Me lance-t-il du haut de son Spécial 1981 lorsqu'on roulait vers l'Eldorado.

- Parce que c'est quelque chose d'inatteignable pour moi, une chose impossible à avoir, le top du top.  Je me souviens lorsque j'étais ado, les gars qui avaient des Marinoni, c'était des gosses de riches. C'étaient des vélos qui valaient cher. Moi je ne pouvais me payer que du moyen de gamme.

Et Christophe qui me répond : Mais maintenant tu peux. On est plus des ados, on a des bonnes jobs. Pourquoi tu ne ferais pas ce que tu as toujours voulu ?

Question sans réponse... Des échafauds en Colombus, ça reste tout de même sensationnel !

On était comme chez le tailleur disais-je, n'est-ce pas ?
Alors la batterie de tests a commencé, longueur des bras, des jambes et j'en fini plus. Et après :  la récompense, le droit de chevaucher la monture la plus unique, le Marinoni Prototype. Un vélo concept tout ajustable où l'on peut expérimenter ses mesures biométriques. Un vrai prototype du Terminator... mais en vélo. Cinq millimètres de plus sur la potence, 2 mm de moins en hauteur, ou comment avoir le vélo parfait sur mesure. Et je vous jure que c'est tout une expérience de monter sur ce Transformer haut de gamme, tout en chrome, on s'en reparle encore Christophe et  moi.
Bienvenue dans la salle d'essayage Marinoni.
Ouch!! Difficile le garder le sourie !
Une batterie de tests qui ne finit plus. Ici la pose crucifixion !
Christophe à l'essai sur le Marinoni Terminator

Détail du Marinoni/Terminator/Tranformer. Le petit garçon en moi était très impressionné ! Tout est ajustable sur ce vélo même les bielles du pédalier.
À bien y penser, ce serait le fun d'en avoir un Marinoni.
Une visite chez Marinoni c'est quelque chose de particulier. On en a profité pour faire un peu de shopping, des jersey Marinoni, etc. Parce qu'on le mérite bien ! Nous sommes repartis la tête pleine d'idées et débordant d'énergie pour retourner à Montréal. Et Christophe qui s'imaginait déjà en train de rouler avec son cadre du 40e et moi, convaincu qu'il me fallait un Marinoni maintenant. Après tout, pourquoi ne ferais-je pas tout ce que j'ai toujours voulu ?

L'histoire pourrait se terminer ainsi.

Mais non. Parce que lorsqu'on est un amateur de vélo, l'histoire ne s'arrête jamais.

Le Marinoni 1981 devait maintenant être revampé. Et c'était ça le but, avoir un Marinoni vintage et un plus moderne. Alors Christophe s'est mis à la recherche de roues vintage et de pièces d'époque afin de compléter son groupe Campagnolo. Il est tombé sur de belles jambes Rigida, oups... jantes Rigida de la fin des années 70 qui, avec beaucoup de frottage sont revenues comme neuves. Et puis coup de chance, à sa boutique du coin il y avait un groupe Campagnolo complet qui trainait dans le sous-sol. C'est là qu'il s'est procuré son superbe dérailleur vertical et ses beaux moyeux de roues larges. Encore là, beaucoup de nettoyage, de frottage, de patience et finalement, le résultat. Un vélo unique, qui semble sorti tout droit de l'usine mais qui a plus de 30 ans, et surtout qui file aussi vite que l'éclair !
Le nouveau Marinoni 1981, un petit jeune de plus de 30 ans.
Moyeux Camapgnolo large vintage.





Personnellement, c'est la pièce que je préfère sur le vélo.
Et maintenant ? Et bien Christophe peut se concentrer sur son 40e qu'il vient tout juste de recevoir. Un beau cadre en Colombus SL qu'il a baptisé le "40e Québec" à cause de ses couleurs et surtout de sa fourche marquée du fleur de lys. Un bel hommage à son pays d'adoption, "La belle province".
Un beau détail du Marinoni 40e, signé des mains du maître.
Fourche arrière chromée, un must !

Vive le Québec Libre !
Mas cette belle histoire ne s'arrête pas là ! Il manque juste un détail. Pourquoi je ne ferais pas tout ce que j'ai toujours voulu ? Et bien je me suis mis à chercher, scruter les petites annonces comme jamais auparavant à la recherche de mon Marinoni. Il fallait qu'il soit en Colombus, pas d'aluminium ou de carbone. Je l'ai trouvé récemment. Un 1995, bleu métallique avec le lettrage blanc, tout en Campagnolo ergopower. Une vraie merveille !
Enfin mom Marinoni à moi !!!
Et oui je peux le dire maintenant : il y a la vie avant Marinoni et la vie après Marinoni !

Commentaires

  1. Bravo pour ton article sur mes vélo :-).
    Comme commentaire, je raconterai juste ma première fois en Marinoni.
    Je suis un adepte du vélo depuis toujours, mais plus comme moyen de locomotion que comme sport. Mais comme on a tous besoin d'exercice, j'étais décidé à m'acheter un vélo de course comme celui que j'avais étant ado.
    Je connaissais pas Marinoni, mais quelques renseignements pris j'avais vraiment le gout d'en essayer un, ça avait l'air tout à la fois d'un vélo classique de tradition italienne, mais fait à Terrebonne, de quoi être fier de sa monture.
    J'ai pu l'essayé directement sur un trajet significatif, vu que le vendeur habite dans l'ouest sur Gouin et moi dans Hochelaga, donc me voila parti en transport en commun pour revenir avec le vélo pour un petit 10 km.
    Et là c'est un véritable choc, ça m'a directement replongé à l'époque ou je quittais pas mon vélo de course, mais avec des sensations décuplées. J'avais l'impression d'avoir un moteur électrique sous les pieds. Les montées se faisait sans ralentissement, les accélérations étaient fulgurantes. Sans mentir j'avais des frissons dans le dos et les poils des bras dressé, un régal. Jamais je m'étais autant éclaté sur un vélo.
    4 mois plus tard, en ayant fait 2000 km dessus, j'éprouve à chaque fois cette même sensation. On se sens comme le roi de la route avec une mécanique qui te réclame d'aller vite.
    le moindre trajet devient un plaisir !
    alors merci Monsieur Marinoni !
    Et merci à tous le monde à l'usine, parce que entre l'accueil chaleureux et la passion que l'on ressens et la compétence extreme de tous le monde, on se sent un peu comme faisant parti d'une grande famille cycliste.
    Christophe.

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